Potosi
Inscrite au patrimoine de l’Unesco, Potosi est située à 4090 mètres d’altitude, ce qui en fait la ville de plus de 100.000 habitants la plus haute du monde !
Aujourd’hui, on dit « être riche comme Crésus ». Autrefois, nous disions « être riche comme Potosi ! ». En effet, cette ancienne cité coloniale fut pendant longtemps considérée comme la ville la plus riche du monde. La raison ? Colonisée par les espagnols au XVIème siècle, car entourée de la fameuse mine du cerro Rico, Potosi fournit entre 1560 et 1580 plus de 240 tonnes d’argent à la couronne espagnole par an ! Cette manne d’argent inespérée favorisa le développement du commerce mondial, et en particulier du capitalisme européen. Pour illustrer ceci, on estime à équivalence plus de 50 milliards de dollars américains injectés en liquidité dans le circuit monétaire entre le XVIème et le XIXème siècle depuis Potosi !!
Conséquence, la ville grossit d’une façon faramineuse, pour atteindre les 165.000 habitants début XVIIème. Mais comme toutes les choses du monde, rien n’est inépuisable. Alors, vers les années 1700, la production d’argent se divisa par 4, puis s’épuisa complètement vers les années 1850. La population redescend alors à... 9.000 habitants.
Il est important de comprendre que cette exploitation démesurée durant près de 3 siècles fût basée sur un système d’esclavagisme très fort, où près de 8 millions de morts ont été recensés dans les mines. Ce sont particulièrement les Indiens qui en payèrent le prix fort, puis les africains.
Durant cette période, beaucoup d’édifices coloniaux ont été construits, notamment la Casa de Moneda, construite au milieu du XVIIIème siècle, que Marion et moi avons visité. Nous avons pu notamment y observer le système ingénieux conçu par les espagnols (des presses gigantesques aux engrenages en bois, importés d’Espagne à raison de 14 mois de voyage) pour créer la monnaie faite à 95% avec de l’argent pure, mais aussi les conditions abominables de travail des esclaves. On passe la partie « galerie d’art » et la partie sur l’observation des différentes sections minéralogiques, archéologique et d’argenterie, qui ne nous a pas particulièrement interpellé, malgré le côté rarissime de certaines pièces et de certains minéraux.
Nous avions prévu de visiter également la mine évoquée précédemment, mais après avoir parlé avec quelques personnes et nous être renseignés sur les conditions encore extrêmes de travail des mineurs (la mine est encore en activité), nous avons décidé de sauter cette expérience (l’argent donné aux agences pour visiter la mine n’allant absolument pas aux travailleurs, donc aucun intérêt).
Nous avons adoré nous promener dans cette ville historique, nous perdre dans ses petites rues étroites, manger avec les locaux dans l’atypique Mercado Central, admirer la Plaza 10 de Noviembre, donnant sur une magnifique cathédrale illuminée le soir et où les boliviens s’y rassemblent pour regarder un film diffusé gratuitement sur grand écran.
Sucre
Sucre est la capitale constitutionnelle du pays, à ne pas confondre avec La Paz, capitale administrative. Elle est au centre de l’opposition du gouvernement de gauche, présidé par Evo Morales.
Inscrite elle aussi au Patrimoine de l’Unesco, c’est ici que fût proclamé l’Indépendance de la Bolivie en 1825, et plus précisément à « la Casa de la Libertad », que nous avons visité. C’est d’ailleurs ici que nous apprenons que la Bolivie, anciennement appelée « El Alto de Peru » doit son nom à Simon Bolivar, surnommé « le Libertador », qui participa fortement à la guerre d’indépendance de Bolivie contre les Espagnols, mais aussi pour la Colombie, l’Équateur, le Panama, le Pérou et le Venezuela. Bref, un nom à retenir.
Le centre, et plus particulièrement la Plaza 25 de Mayo, très agréable et animée, nous a en quelque sorte rappelé la place centrale de Salta, avec sa cathédrale située au Nord de la place, puis ses édifices coloniaux tout autour, dont la Casa de la Libertad.
Quelques centaines de mètres plus loin, nous avons pu partager en ce bel après-midi de dimanche le rythme de vie des nombreuses familles boliviennes profitant du Parque Bolivar, paisible et comprenant un parc pour enfants avec pour thème « le Monde des Dinosaures ».
Mais deux choses nous ont particulièrement plu dans cette « ville blanche » (de nombreux bâtiments sont vêtus d’un blanc impeccable).
La première est le nombre assez impressionnant d’ « escuela » et de « colegio ». Nous avons pu en effet observer un grand nombre d’infrastructures d’éducation pour les enfants et les adolescents, et constater que la vie étudiante y est bien vivante ! Nous avons d’ailleurs eu la chance de visiter une école, et participer à la fête de fin d’année de l’une d’entre elle ! Et c’est ici que réside la 2ème plus ancienne faculté de droit du continent Sud-Américain.
Mais surtout, nous sommes tombés sous le charme des fabuleux marchés de la ville, et plus particulièrement du Mercado Central, sûrement un de nos préférés depuis le début de notre Tour du Monde ! Animé, coloré et authentique, on peut s’y promener plusieurs heures. On y trouve un peu de tout : des vêtements locaux, de superbes stands de jus de fruit, un nombre incalculable de fruits, de légumes et de viandes, et on peut s’attabler à une des fameuses « Picante », pour y déguster des plats typiques de la région sur de petites tables entourées des locaux !
Tarabuco
Marion et moi avions vraiment envie de découvrir « la Bolivie profonde », comme on pourrait l’appeler, loin des touristes et de la ferveur des grandes villes.
C’est pourquoi nous avons décidé de prendre, tôt dans la matinée, un « Trufi », minibus emprunté en général que par les locaux, aux tarifs dérisoires. Durant 1h30, nous sommes donc entourés de Boliviens dans ce minibus datant de la préhistoire afin de rejoindre Tarabuco, le petit village choisi pour découvrir l’autre visage de la Bolivie. D’ailleurs, nous nous sommes vus offerts deux empanadas par les deux femmes placées juste devant nous. Ce n’est pas la 1ère fois que l’on remarque le sens du partage des Boliviens, même des plus démunis. Belle leçon de vie, encore une fois.
Nous arrivons donc à Tarabuco en milieu de matinée.
Ce village est réputé pour son marché animé du dimanche. Mais on nous avait prévenu : le reste du temps, il n’y a RIEN. Ce que nous avons très vite constaté.
Après quelques dizaines de minutes de balade, à observer la forte mendicité, les logements plus que précaires, les rues vides et le regard surpris voir méfiant des habitants nous observant, nous voyons arriver un troupeau de cochons et de moutons, suivis de deux cholas, femmes boliviennes ayant une forte identification à la culture de leur pays et de leurs ancêtres (il y en a énormément en Bolivie, habillées dans leur tenue traditionnelle, ça donne un charme fou au pays) et d’un petit garçon, Jessy.
« Hola Gringos ! » nous disent-elles.
« Hola Senoras ! », puis d’une pulsion qui sort de je ne sais où je leur demande « Podemos venir con vosotros ? »
« Si vamos ! » nous disent-elles l’air étonné mais avec le sourire
Et c’est comme ça que nous avons passé une superbe journée sur Tarabuco.
Nous avons appris à guider un troupeau de moutons et de cochons (« coutché, coutché !" disent-elles pour les ramener dans le droit chemin quand un d’entre eux a le malheur de s’écarter), j’ai pu constater à quel point leur sac remplit de patates notamment, qu’elles portent tous les jours, est lourd... !, et nous avons flâné plusieurs heures en pleine campagne bolivienne avec cette famille de 3 générations (la grand-mère, sa fille et nièce de l’enfant). Encore une fois, ces femmes ont fait preuve d’une extrême générosité, en partageant avec nous leur savoir, leur vision et... leurs quelques céréales, même si pas forcément à notre goût ! Une expérience qui a répondu pleinement à nos attentes d’authenticité.
On ne peut pas finir cette partie sans évoquer notre retour mémorable en Trufi !
On ne savait pas vraiment comment rentrer sur Sucre. On avait entendu qu’il y avait un Trufi aux alentours de 16heures près de la petite place centrale. Nous nous y rendons donc à 15h50. Avec un peu de retard, le Trufi arrive enfin. Cependant, on voit une masse de boliviens courir vers le Trufi, se bousculant à moitié. On a très vite compris la raison... 15 places pour une vingtaine de personnes souhaitant monter. Mathématiquement parlant, il y a forcément un problème. Ne voulant pas passer pour de bons français, nous laissons la priorité aux boliviens. Sauf que nous demandons au chauffeur à quelle heure est le prochain, qui nous répond qu’il n’y en a plus après ! Impossible de passer la nuit ici. Pas d’hébergement, pas de quoi manger. Heureusement, après une courte négociation avec le chauffeur, nous montons à bord... et faisons le retour cul au sol ! Nous étions 21 pour 15 places, rien d’anormal visiblement ! Cependant, les boliviens ont été adorables en nous prêtant leur sac pour s’asseoir dessus, et nous avons passé une bonne partie du trajet à échanger avec eux, très curieux vis à vis de nous, et rigolons une bonne partie du trajet avec cette petite frimousse belle à craquer. Au final, ce fût un de nos meilleurs trajets en bus, même si pas des plus confortables !!
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