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  • Photo du rédacteurMax & Mama

Une aventure humaine avant tout, partie 1

Nous sommes à Hoi An, en plein centre du Vietnam, mi Décembre 2018, quand je reçois un message d’un certain Auldridge, via la plateforme Workaway (que je recommande vivement pour tout voyageur en quête de nouvelles rencontres et de nouvelles aventures).


Auldridge est un zambien qui a eu la chance de partir plusieurs mois en Suède il y a quelques années, grâce à l’aide d’un programme spécifique dédié aux échanges Euros-Africains. Après cette aventure exceptionnelle, il comprend que l’éducation est essentielle pour faire progresser la Zambie et offrir de nouvelles opportunités aux enfants de ce pays considéré comme le 10ème plus pauvre au Monde.


Il fonde alors New Hope Waves, et construit un projet socio-éducatif dont le but est de créer une école fonctionnant avec des enseignants locaux mais aussi et surtout avec l’aide de volontaires venant du monde entier.


Dans son message, Auldridge me propose de venir dans son petit village près de Livingstone, au Sud de la Zambie, afin de dispenser au sein de la nouvelle école (construite en Février) des cours ludiques en anglais tous les matins, favorisant l’éveil de jeunes enfants africains découvrant le système scolaire pour la première fois, mais aussi de coacher l’équipe du village constituée de jeunes adultes de 18-28 ans et de les aider à redresser la barre, car mal en point dans leur championnat local.


Auldridge

Après quelques semaines de réflexions et de discussions avec Marion, je prends la décision de partir vivre cette aventure très excitante. 5 mois après, l’aventure commence.



La Zambie, située en Afrique australe, a pour capitale Lusaka. Elle est peuplée de 17 millions d’habitants et est composée de 73 tribus (donc 73 dialectes). Indépendante depuis 1964 (sous l’emprise de l’ex colonie britannique), elle est entourée de pays relativement instables d’un point de vue économique et politique, et n’a pas d’accès direct à l’océan : ces particularités ne facilitent pas son désir de développement.

80% de chômage : c’est la stat actuelle. Même si ce chiffre est à nuancer, car la majorité tiennent de petits « shops », ou vendent leurs légumes sur les marchés (ce qui n’est pas considéré comme du travail car non déclaré), cela en dit long sur les conditions/et mode de vie qui sont les leurs.


A travers cet article, je ne peux ni parler de l’Afrique, ni de la Zambie dans son intégralité : ça serait comme faire un constat de l’Europe et de la France alors que l’on a seulement visité l’Aquitaine quelques semaines. C’est pourquoi je me concentrerai uniquement sur la région de Livingstone.


Livingstone, située au Sud Ouest de la Zambie et proche du Zimbabwe, est connue pour sa proximité avec les fameuses chutes Victoria, que l’on peut admirer dans le film « Itinéraire d’un enfant gâté » avec Jean Paul Belmondo. Ceci lui vaut un centre-ville relativement développé : où quand l’arbre cache la forêt.


Ma première impression magique face aux Chutes Victoria







Les Chutes Victoria de nuit, sous la pleine lune


Je suis logé dans un petit village, à quelques kilomètres du centre-ville, dans une maison spacieuse, loin de nos standings européens, certes (douche à la bassine, pas d’électroménagers, de nombreuses coupures d’électricité, quelques cafards par si par là), mais très confortable comparée aux logements des locaux. Je partage ce lieu avec d’autres volontaires, mais aussi et surtout Honest et Chilo, ayant pour mission de garder notre maison (nous sommes bien sûr une cible idéale pour un éventuel cambriolage), tous deux faisant partie de l’équipe que j’entrainerai durant 1 mois, mais qui surtout deviendront de formidables compagnons de route.


Devant notre maison


Mon ami Chilo

Fort heureusement, l’hiver en Afrique australe se situe de Mai à Août : avec malgré tout des températures atteignant parfois les 30° l’après-midi, Juin est bien le mois idéal pour se rendre en Zambie !


Mercy et Priska, deux de nos cuisinières de certains soirs, deux superbes rencontres


Chilo, Jacob et Honest, autour du feu, lors de nos soirées de coupure d'électricité

L’école


Le lendemain de mon arrivée, je découvre l’école : une petite maison dont les 3 pièces sont aujourd’hui des salles de classe. Une classe de « bébés », une de 8-10 ans et une de 13-14 ans ont cours le matin, 2 autres l’après-midi.


L'école

Quelle surprise de voir que les enfants étudient… à même le sol ! Cependant, grâce à des donations venues d’un peu partout, l’école possède le minimum de fournitures pour pouvoir enseigner : stylos, cahiers, crayons à papier et de couleurs, gommes… Des tables et des chaises ont même pu être récupérées pour les classes des plus âgés !


La salle de classe des pitchounes

Pour ma part, je m’occupe de la classe des « bébés » âgés de 4 à 7 ans, tous les matins de 8h à 12h. Quelle joie d’entendre chaque matin en arrivant à l’école à 7h50 « teacher Matse teacher Matse ! » et voir ces boutchous courir vers moi et me sauter dans les bras !



Annabelle, mon amour










Au programme des pitchounes, de nombreuses chansons ludiques en anglais afin de les initier aux fondamentaux, des jeux et exercices pour leur apprendre les couleurs, les chiffres, les animaux aussi, des cours de dessins et de peinture ; mais aussi des enseignements tels que le brossage de dents, l’importance de ne pas gaspiller ou de boire, la nécessité de recycler (gros problème ici et comme dans tous les pays en voie de développement) ou encore le respect d’autrui, camarades ou enseignants, filles ou garçons…


Tous les lundis matins, comme au Pérou, les enfants se réunissent pour chanter l'hymne national et prier ensemble

Lavage de mains obligatoire avant de rentrer en cours !








Mon petit ange de Miambo

Un petit ange qui se fait parfois punir !

Matinée ramassage de déchets !


Un groupe de jeunes ados qui joue de la musique dans la rue sont venus fait une démonstrations au sein de notre école

Des jeunes talents qui méritent qu'on leur donne une chance !

Les volontaires des autres classes, eux, dispensent des cours un peu plus poussés à leurs élèves de quelques années supplémentaires, initiant ces jeunes adolescents à la lecture, l’écriture, les mathématiques, et en prenant le temps également de les sensibiliser aux risques omniprésents dans leur environnement, tel que le VIH par exemple…


7h40, tous les matins, prêts à partir à l'école

J’ai proposé de mettre des cours de sport en place, chose que ces élèves n’avaient encore jamais exercés. Requête tout de suite acceptée par Masonali, le « directeur » de l’école, Libéria, professeure locale des bébés, et par les autres volontaires.


Avec les profs locaux, et le directeur de l'école Masonali

Après quelques courses en centre-ville pour acquérir le strict minimum afin de dispenser des cours de sport simples, j’ai pu proposé cette activité tous les jeudis et vendredis matins, afin que les 5 classes y aient accès.

Des jeux ludiques ainsi que des exercices un peu techniques et de coordination (très important à cet âge là) ont fait la joie des enfants.

Premier cours de sport à l'école !



Ces enfants ont remplit mon cœur d’amour pour un bout de temps, j’espère leur avoir donné autant. Et je leur souhaite par dessus-tout d’avoir de nouveaux volontaires prochainement, sans qui le fonctionnement de l’école ne peut pas fonctionner : car l’éducation est bien leur seule chance de s’en sortir.



N.B : J'ai également eu le chance de rencontrer Tammy, une canadienne ayant quitté son pays natal il y a 10 ans pour créer son école dans un village près de Livingstone. Certains autres volontaires et moi avons d'ailleurs eu l'opportunité de visiter son école, construite sur le principe de Montessori. Une expérience formidable. J'en reste très admiratif.


Visite de l'école de Tammy






Le football


Ma seconde maison pendant 1 mois

Le football est en Zambie, comme pour le coup je pense partout en Afrique, une des choses les plus importantes dans la vie, peut-être même plus que la religion, elle aussi extrêmement présente dans l’esprit de chacun.



Pour mon 1er entrainement, qui débute normalement tous les jours à 15h, j’arrive un peu en avance, à 14h45. Je suis visiblement le premier arrivé. A 15h, certains commencent à pointer le bout de leur nez, dont Auldrige, présent pour le 1er entrainement afin de me présenter aux joueurs. Je comprendrai que plus tard ce qu’est en réalité le zambian time : 15h = 15h45-16h. Et c’est pour tout pareil : il faut juste s’y habituer !


Pour ma 1ère séance, je me retrouve face à une vingtaine de joueurs, âgés de 18 à 28 ans.

En Zambie, quand vous demandez à un zambien ce qu’il va manger pour les petit-déjeuner, le déjeuner ou le dîner, vous avez 98% de chance qu’il vous réponde : Nshima and vegetables. Le Nshima est le mélange de farine de maïs et d’eau bouillante, donc très consistant. C’est leur nourriture de tous les jours.

Je suis donc très surpris de voir ces jeunes athlètes face à moi, tous des mannequins Abercombrie en puissance. J’ai d’ailleurs demandé à certains de me prêter un peu de leurs abdos, mais aucun n’a accepté.


Les premiers exercices mis en place m’ont permis de faire un diagnostic rapide sur le niveau des joueurs et de l’équipe : joueurs relativement techniques (à ma grande surprise), puissant et endurant, mais avec aucune compétence tactique. Je leur dis tout de suite l’essentiel : « vous avez de grandes capacités, mais en jouant systématiquement avec de longs ballons aériens vers l’avant, et en sautant les lignes de l’entrejeu, vous n’arriverez à rien, car votre jeu est prévisible et votre adversaire n’aura qu’à mettre 2 défenseurs sur notre attaquant pour gagner les duels et attaquer par la suite. Vous devez apprendre à déséquilibrer l’adversaire avant de vous projeter, et ça, ça passe par des exercices précis à l’entrainement et de la patience. » Bon, an anglais, c’était peut-être pas aussi fluide que quand je l’écris en français, mais dans le fond, on est bon !


« Coach ! », disent ils de leurs grosses voix en signe d’approbation. J’ai d’ailleurs été agréablement surpris par le respect qu’ils m’ont accordé dès les premières minutes et ce jusqu’à la fin.


Durant ces 4 semaines, malgré le mauvais classement de l’équipe et la volonté de chacun d’entre eux de redresser les résultats pour espérer aller dans une équipe professionnelle (tous ont le même rêve, mais aucun ne réalise la difficulté pour y arriver, et surtout l’impossibilité d’atteindre ce rêve une fois la vingtaine passée…), je m’efforce de changer leur façon de jouer en les reprenant régulièrement, en créant un lien particulier avec chacun d’entre eux, du fait de nos nombreux échanges en tête à tête, et en les valorisant et les encourageant régulièrement, choses auxquelles ils n’étaient absolument pas habitués. Je leur enseigne également l’importance des étirements, de l’échauffement, et l’importance de boire ! (Durant 3 heures à courir en plein cagnard, la plupart n’avale pas une seule goutte d’eau ! L’eau est un bien précieux en Afrique, certes, mais dans le lieu où j’étais, l’eau n’était pas potable pour nous mais pour eux oui, et relativement courante).







Malheureusement, malgré nos 5 entrainements par semaine, de 15h à 18h chacun, nous perdrons nos 4 matchs de championnat, malgré une amélioration nette dans le jeu, et un dernier match perdu à la dernière minute après avoir mené 3-2 durant plusieurs dizaines de minutes.



Premier match, défaite 1-0



2ème match, défaite... 3-0


3ème match, un nul 2-2 prometteur, et de l'amélioration dans le jeu

Malgré un terrain catastrophique !


L’ascension en division 4 ne sera visiblement pas pour cette année (la division 1 étant la seule division professionnelle du pays), car le championnat se termine dans quelques semaines et trop de points nous séparent du 1er. C’est un coach zambien, arrivé un mois avant moi et avec qui j’ai partagé les séances d’entrainement, qui s’occupera de l’équipe jusqu’à la fin de la saison.



Une fois par semaine, je proposais également aux enfants « de la rue » (vivant dans la rue nuit et jour ou y passant 80% de leur temps car pas accès à l’école) un entrainement encadré et planifié avec le matériel mis à disposition pour l’équipe des adultes.


Pour ça, j’allais voir les enfants observant timidement les entrainements des adultes, ou les abordais directement dans les villages. Sportivement, tout n’a pas été simple, et surtout au début : de nombreux retards, des incapacités physiques à courir correctement ou à faire une passe. Mais j’ai été très surpris de constater, une fois de plus, le respect sincère à mon égard et l’absence totale de problèmes de comportements.


Mes premières recrues pour les entrainements du jeudi après midi avec les enfants "de la rue"





Pau, mon chouchou

Joshua





Un tableau réalisé par les enfants pour mon dernier jour, un cadeau que je ne suis pas prêt d'oublier

Les valorisant et les félicitant au maximum, j’ai d’abord eu droit à des regards remplis d’incompréhension, car ils ne sont juste pas habitués à ça, puis à quelques sourires. Et ça, c’est en réalité ma plus belle victoire. Car ces enfants n’ont besoin que de deux choses : d’un cadre, et de l’amour.










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