La Paz
La Paz, capitale administrative du pays, est tout simplement la capitale la plus haute du monde ! Située entre 3200 et 4000 mètres d’altitude, et entourée de pics de plus de 5000 mètres, cette capitale n’a rien à voir avec les autres.
Avec des dénivelés de plus de 800 mètres, et à une telle hauteur, autant vous dire que le moindre effort, que la moindre rue montée vous demande une minute de repos ; sans compter la pollution, que l’on a trouvé incroyablement présente à cause du trafic très dense et des véhicules vieux comme le monde, loin d’être aux normes écolos...
Pour notre 1ère journée, nous restons plutôt calmes. Faut dire, le trajet en bus de nuit de Sucre à La Paz n’a pas été de tout repos. Nous avons débuté notre route, qui n’est d’ailleurs pas réputée pour être des plus sécures, sous un orage terrifiant et une pluie diluvienne : on n'était pas très rassurés. Puis nous arrivons malgré tout à fermer les yeux, quand le chauffeur vient nous réveiller pour nous signaler notre arrivée : il est 5h30 du matin et nous étions censés arrivés 3 heures plus tard ! Il devait être pressé de retrouver sa femme... Bref, résultat des courses, nous nous retrouvons dans un café un peu loufoque à attendre 8 heures, heure à laquelle notre auberge ouvre ses portes... La journée commence bien.
Nous profitons malgré tout de cette première journée pour faire un tour des quartiers Sud et pour visiter le stade de foot, le 2ème plus haut stade au monde. Grosse déception en arrivant devant ! Entre les travaux tout autour et la laideur de la construction extérieure, nous sommes bien déçus. Cependant, nous voyons le gardien du stade, un petit monsieur d’une soixantaine d’années n’ayant pas dû bien dormir depuis un petit moment, sortir d’une porte un peu cachée de l’enceinte : j’en profite pour me jeter sur lui et lui demander, avec ma tête de chien battu (ça marche à tous les coups) si éventuellement nous pourrions accéder à l’intérieur pour prendre une ou deux photos du terrain et des tribunes... Requête acceptée ! Me voilà avec mes photos, ma journée est faite.
Une journée de repos, c’est bien, mais deux, c’est trop.
Le lendemain, nous partons alors à 8 heures du matin à la découverte de cette ville qui nous intrigue tant.
Nous commençons, sur les bons conseils de notre ami Fabio, par prendre le téléphérique afin de faire le tour de la ville... vue d’en haut. Il faut savoir qu’à La Paz, chose assez extraordinaire pour le souligner, il n’y a ni métro ni tramway, mais bel et bien un téléphérique ultra moderne, contenant 4 lignes et coutant une misère, permettant de rallier un bout à l’autre de la ville en un rien de temps. Les locaux utilisent d’ailleurs quasiment que ce service (la circulation routière étant au moins comparable à celle de la région parisienne). On adore !
Nous obtenons alors une vision un peu plus claire de la ville : les immeubles plutôt corrects au centre de la ville, les pentes impressionnantes vue avec de la hauteur, les nombreux terrains de foot situés un peu partout, les bâtiments miséreux et les maisons délabrées (digne d’un bidonville) représentant 70% de la ville et les nombreux marchés de rues, omniprésents à La Paz et en Bolivie en général. Oui, ici les gens vivent dehors.
Nous trouvons d’ailleurs un marché au puce charmant, et avons la bonne idée de faire un arrêt au stand afin de le visiter : aucun touriste (il y en d’ailleurs pas énormément sur La Paz), des cholas, de vieux messieurs et malheureusement de jeunes enfants aussi vendant un peu tout et n’importe quoi, ça crie, ça vie et ça se bouscule, tout ce qu’on aime !
On en profite pour remplir notre bouteille vide de croquettes pour chiens : de nombreux chiens errants se promènent affamés dans la ville. Ça sera notre bonne action de la journée !
Après une bonne heure de barroudage, nous reprenons le téléphérique afin de rejoindre le centre. Nous nous laissons un peu allés dans les rues du vieux quartier indien, et tombons par hasard sur le musée passionnant de la Coca.
Focus sur la Coca et son Histoire :
Lors de l’arrivée des conquistadors espagnols au XVIème siècle, ces derniers décidèrent de supprimer l’usage de la Coca, l’estimant comme un obstacle au catholicisme à cause de son rôle magico-religieux dans la civilisation Inca notamment. Mais très vite, ils comprirent l’importance de cette dernière dans l’usage du travail pour les esclaves, c’est pourquoi ils la rendirent finalement obligatoire pour les travailleurs des mines et des « haciendas ». Les colons saisirent toutes plantations de coca pour en contrôler à 100% l’usage, et la rendirent donc très compliquée à obtenir pour les indigènes. Soutien culturel mais aussi leur dernier recours nutritionnel, elle était indispensable pour eux (ils travaillaient jusqu’à 48 heures sans pause !), et vendirent donc leur âme au diable pour en obtenir un minimum...
Citation d’un mineur : « Encore une dose de Coca et avec l’aide de Tio, j’aurai bientôt finit ce travail infernal. Dieu merci que j’ai la Coca sinon je ne pourrais jamais survivre ! »
N.B : Encore aujourd’hui, un mineur peut utiliser près de 380g de coca par semaine et y dépenser 12% de son salaire pour s’en procurer.
Très vite, la Coca fût importée en Europe par les Espagnols puis partout dans le monde. Grâce à ses propriétés stimulantes et anesthésiques, elle devint universelle au point de devenir le principal médicament de la pharmacopée moderne.
Le pouvoir énergétique de la Coca a donc bénéficié à l’économie de la royauté espagnole durant plus de 3 siècles, participé à l’apogée du Vin Mariani, devenu quelques dizaines d’années plus tard la boisson la plus consommée au Monde, le Coca-Cola, a permis la fabuleuse découverte des anesthésiques, et apporté le succès à plusieurs milliards d’euros du marché illégal de la cocaïne. Et qui a donc bénéficié de tout ça ? Sans doute pas la Bolivie, mais bien les étrangers. Le comble, c’est que ce sont les Etats-Unis qui ont donné cette image satanique de la coca, avec sa loi de 1950 « la Coca diminue la capacité de travail et est la cause de la pauvreté » ; le tout en déclarant la Bolivie et « sa coca » responsable de la toxicomanie du Monde. Quand on sait que les Incas et d’ailleurs encore aujourd’hui de nombreux peuples dont les boliviens se servent de la Coca à des fins spirituelles mais aussi physiques pour supporter l’altitude (c’est prouvé que la coca est un adaptateur pour la vie en altitude), et que le réel problème n’est pas la coca en elle-même mais sa transformation chimique réalisée en grande partie par des laboratoires occidentaux et américains, on peut tout simplement dire qu’on marche sur la tête.
Aujourd’hui, 92% des boliviens et 89% des boliviennes utilisent la Coca de manière habituelle, à des fins spirituelles mais surtout physique comme nous venons de le voir. 5% de ces utilisateurs l’utilisent comme drogue, chiffre trop important, certes, mais à relativiser quand on voit qu’aux USA, 90% des consommateurs de Coca l’utilisent sous forme de drogue, appelée cocaïne. Aux USA, justement...
Après cette belle découverte, nous continuons vers la place San Francisco et son église, le plus bel édifice colonial de la Paz.
Après un déjeuner rapide, nous continuons notre route jusqu’aux musées que nous souhaitions visiter, offrant une vision globale de l’histoire de la Bolivie. De l’importance de la perte de l’accès à la mer suite à sa défaite face aux chiliens en 1883, aux représentations miniatures des différentes guerres contre les espagnols en passant par les différents costumes traditionnels et leurs significations, nous avons trouvé cette heure de visite fort intéressante.
Mais surtout, avant de commencer la visite, nous avons eu la chance de rencontrer complètement par hasard trois boliviens (dont un descendant d’Indien Inca ; nous évoquons d’ailleurs la civilisation Inca dans notre article dénommé « de Santiago du Chili à Salta et ses alentours », une civilisation passionnante qui vaut le coup d’être étudiée) parlant un français impeccable, chose rarissime. Très vite dans la discussion, notre curiosité pris le dessus et nous les avons alors bombarbé de questions sur leur croyance, leur réflexion via leur histoire relativement lourde, leurs coutumes... Et nous avons été servis.
Nous avons pu en apprendre énormément sur les anciens rituels Inca, encore présents aujourd’hui bien que modérés et « mondialisés » face aux mélanges des tribus et des pays : prenons pour exemple le rituel de l’offrande à la « Pachamama », désignant la Terre Mère pour les Boliviens. Chaque mois d’Août, ces derniers offrent à la Pachamama une multitude de choses, comme de l’argent, mais aussi et surtout du sang d’animal et des fœtus (ou bébé) de Lama... ! afin de lui demander la permission de cultiver sa terre à partir du mois d’Octobre.
Par ailleurs, lorsqu’une maison vient d’être construite, du sang de Lama est versé tout autour du bâtiment, et un fœtus de Lama, encore une fois, est enterré sous la construction pour remercier la Pachamama de ce cadeau... On comprend mieux la raison pour laquelle de nombreux fœtus de Lama sont en vente un peu partout dans les petites boutiques à chaque coin de rues.
Avant de nous diriger vers un des marchés de rue pour acheter notre repas du soir, nous finissons notre visite de la ville par le marché aux sorcières. On y trouve des poudres, des pierres et des potions magiques, des herbes soignants divers maux, ainsi que des fœtus de Lama bien sûr. On peut aussi y observer aussi avec un peu de chance, ce qui a été notre cas, une « yatiri » lisant l’avenir d’un couple bolivien avec l’aide des feuilles de Coca dans une petite ruelle cachée. On en découvre tous les jours !
Copacabana
Ne vous y trompez pas : nous ne sommes pas à la fameuse Copabacana beach du Brésil, mais bien à Copacabana en Bolivie !
Ancien centre cérémoniel sous l’empire Inca, c’est d’ici que partent les excursions pour le lac Titicaca, et notamment pour la Isla del Sol.
Nous y passons une après-midi, le temps de faire un tour de ce petit village très touristique et de découvrir sa magnifique cathédrale et basilique située au niveau de la place centrale...
... et une soirée, où nous dégustons une délicieuse trucha à la plancha (truite) face au lac Titicaca.
Le lendemain matin, nous prenons le bateau pour partir à la découverte de la Isla del Sol.
Le Lac Titicaca
Le lac Titicaca, frontière maritime du Pérou et de la Bolivie, s’étend sur plus de 8400 km2 et a une profondeur de 280 mètres. C’est le plus haut lac navigable au monde, avec ses 3800 mètres d’altitude !
La mythologie Inca situe le lac Titicaca comme à l’origine de cette civilisation. De nombreuses légendes et fantasmes y existent.
Viracocha, le dieu créateur, créa à cet emplacement le soleil, la lune (l’Isla de la Luna, bien plus petite, est située à à peine 5km de l’Isla del Sol) et les étoiles. Manco Capac, descendant du dieu soleil, sortit des eaux du lac avec sa sœur, puis tous 2 se dirigèrent vers le Nord pour créer la future capitale de l’Empire, Cusco.
La légende andine raconte qu’un trésor inca dort au fond du lac, datant du XVIème siècle et l’arrivée des conquistadors espagnols.
La Isla del Sol
Toujours selon la légende, c’est ici que seraient nés le fils et la fille du Soleil. En plus de sa douceur de vivre, c’est aussi cette affiliation mythique qui y fait venir beaucoup de touristes.
Après une heure trente de navigation, nous mettons pied à terre sur l’île du Soleil. Fleurit, tranquille et paisible, nous sommes de suite sous le charme : après la folie de La Paz, un peu de calme ne fait pas de mal.
Nous retrouvons par hasard nos amis espagnols Mikel et Irene, rencontrés dans notre auberge à La Paz et avec qui nous avons tout de suite accroché. Nous passons finalement ces 48 heures avec eux.
Une fois les sacs déposés dans notre hébergement au top (accueil chaleureux par une jeune bolivienne de 14 ans, chambre impeccable, vue sublime sur le lac) nous commençons notre visite par les anciennes ruines Incas. Nous avions décidé de ne pas prendre de guide pour être à notre rythme et surtout loin des groupes touristiques : mais ça, c’était avant de rencontrer Diego, renommé « Diegito » par Mikel. Rencontré non loin de l’entrée des ruines en compagnie de son lama, ce petit bonhomme bolivien de 9 ans a une tchatche incroyable, et nous a convaincu de le laisser être notre guide pour quelques dizaines de minutes. Un vrai « hombre de negocios » comme on dit ici ! Très vite, nous comprenons que les histoires racontées par Diegito sont des bobards inventés au fur et à mesure, et ça nous fait bien rire ! Pour son imagination et sa frimousse, nous lui laissons un généreux pourboire, en échange de quoi nous avons le droit à une photo avec lui et son lama.
Après quelques kilomètres de marche effectués non sans difficulté avec l’altitude encore une fois, et mangé dans un cadre paradisiaque, Marion et moi décidons de continuer notre chemin en dehors des sentiers battus, pendant que nos amis rentrent faire la sieste : en Espagne, on ne rigole pas avec la siesta !
Je souhaitais absolument me baigner dans le lac Titicaca, malgré la fraicheur de l’eau (9°). Pour ce, nous décidons de partir un peu l’aventure avec Marion, à l’écart des chemins tracés où tous les étrangers se regroupent. Après quelques dizaines de minutes, nous croisons une chola charmante, à qui nous demandons où est-il possible de faire trempouille : souriante comme tous les habitants de l’île avec qui nous avons pu discuter, elle nous indique alors un chemin menant à une petite crique, pas facile d’accès, certes, mais qui répond parfaitement à nos attentes. Après avoir traversé de nombreux champs de patates et d’autres légumes variés, et évités du mieux possible les centaines de crottins d’animaux, nous arrivons à la fameuse crique : pas un chat, si ce n’est une femme travaillant son modeste jardin et un éleveur de moutons, et surtout, le lac Titicaca rien que pour nous ! 30 secondes plus tard, je suis mouillé de la tête au pied... Objectif accomplit !
Arrive alors un pêcheur sur sa très simple barque colorée. Visiblement surpris de voir des gringos ici, il se rapproche de nous afin de combler sa curiosité. 10 minutes plus tard, nous voici dans le navire d’Alfredo, qui nous ramène au port le plus près de notre logement : avec la nuit qui commençait à tomber, c’était plus prudent, et ça nous a surtout permis de vivre une nouvelle expérience spontanée avec un local, qui plus est sur un des lacs les plus légendaires du monde.
Nous avons eu la chance d’admirer un magnifique sunset en compagnie de nos amis et de bonnes cervezas locales, ainsi qu’un sublime levé de soleil... Et tout ça depuis l’Ile du Soleil, donc.
Nos prochaines aventures vous seront racontées depuis Arequipa, au Pérou, que nous rejoignons avant de nous envoler pour l’ancienne capitale de l’Empire Inca, Cusco, où une mission de volontariat d’un mois dans une école péruvienne nous attend !
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